PROSTITUTION - L'achat d'actes sexuels sera puni d'une contravention de 1.500 euros...
Source 20minutes.fr
Les députés ont adopté vendredi soir la pénalisation des clients de prostituées, mesure phare de la proposition de loi sur la prostitution qui n'a été réellement combattue que par les écologistes. Les députés ont voté à main levée la disposition la plus controversée du texte, celle qui punit l'achat d'actes sexuels d'une contravention de 1.500 euros. En cas de récidive, l'infraction deviendra un délit puni d'une peine d'amende de 3.750 euros dans «un souci de pédagogie et de dissuasion, graduelle et progressive», selon un amendement voté. Alternative à l'amende ou sanction complémentaire, un «stage de sensibilisation à la lutte contre l'achat d'actes sexuels» est prévu.
En dépit des réticences de deux députés UMP, Marie-Louise Fort et Philippe Goujon, les députés ont abrogé le délit de racolage passif institué par Nicolas Sarkozy qui pénalisait les prostituées. Ils ont aussi voté des mesures d'accompagnement social pour celles qui veulent quitter la prostitution, qui seront alimentées par un fonds de 20 millions d'euros par an. Les étrangères engagées dans ce «parcours de sortie» chapeauté par une association agréée pourront prétendre à un titre de séjour de six mois, éventuellement renouvelable.
Vote sur l'ensemble du texte mercredi
La ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem a salué dans un communiqué «un débat qui fait honneur à notre démocratie» et «le travail des parlementaires de tout bord». «Qu’ils le soutiennent ou qu’ils expriment des réserves, chacun a été pleinement concentré sur un objectif commun : répondre aux souffrances qu’expriment les personnes prostituées», a-t-elle poursuivi, se réjouissant que le débat ait «permis de parler de la prostitution telle qu’elle est et pas telle qu’on l’imagine».
Le vote sur l'ensemble du texte interviendra mercredi prochain, dans un hémicycle qui devrait plus fourni, avant d'être examiné plus tard au Sénat.
Avant le vote des amendements, les partisans du texte avaient démonté un à un les arguments de ceux qui défendent la «liberté» des prostituées et étaient peu représentés dans l'hémicycle. «Il suffirait qu'une seule prostituée se dise libre pour que l'esclavage des autres soit respectable?», a martelé la rapporteure Maud Olivier (PS). «Entre les fantasmes de certains et la réalité que vivent 90% des personnes prostituées, il y a le monde de la violence et l’argent de la traite», a-t-elle asséné.
«La France n'est pas un pays d'accueil de la prostitution», avait renchéri Mme Vallaud-Belkacem. «Le sujet ça n'est pas la sexualité. Le sujet c'est l'argent qui nourrit le proxénétisme», a-t-elle insisté.
L'un des initiateurs de ce texte transpartisan, l'UMP Guy Geoffroy, s'est défendu d'être «un valet servile de la pudibonderie poussièreuse». «On parle de la satisfaction des désirs masculins? Mais que fait-on des désirs féminins?», s'est-il interrogé en plaçant l'action des députés dans la lignée de celle de Lucien Neuwirth, le père de la pilule décédé cette semaine.
Manifestation de prostituées
Seuls les écologistes sont vraiment montés au créneau contre le texte. «Cela vous est inconcevable qu'il puisse y avoir consentement dans un acte sexuel tarifé. Vous opposez des femmes toujours victimes, des hommes toujours coupables», a lancé aux partisans du texte Sergio Coronado (EELV) pour qui «éloigner les prostituées des lumières de la rue, c'est les reléguer dans l'obscurité».
L'UMP défend l'abstention, «mais chacun pourra voter pour ou contre», a dit Marie-Louise Fort.
Radicaux de gauche et UDI laisseront la «liberté de vote» aux parlementaires. Jean-Louis Borloo a dit «au fond ne pas savoir quelle est la bonne décision» à prendre.
Les divisions étaient plus visibles aux abords de l'Assemblée où se tenaient deux rassemblements, l'un d'environ 150 personnes contre la pénalisation du client à l'appel du Syndicat du travail sexuel (Strass), l'autre d'une cinquantaine de personnes à l'appel de certaines associations féministes.
La proposition de loi s'inspire de l'exemple de la Suède où les clients sont pénalisés depuis 1999, ce qui a conduit à une réduction de moitié de la prostitution de rue en dix ans. Elle avait enflammé les esprits avec la pétition «Touche pas à ma pute» lancée par «343 salauds», dont le journaliste Eric Zemmour et l'écrivain Frédéric Beigbeder.
Avec AFP
Source 20minutes.fr
Les députés ont adopté vendredi soir la pénalisation des clients de prostituées, mesure phare de la proposition de loi sur la prostitution qui n'a été réellement combattue que par les écologistes. Les députés ont voté à main levée la disposition la plus controversée du texte, celle qui punit l'achat d'actes sexuels d'une contravention de 1.500 euros. En cas de récidive, l'infraction deviendra un délit puni d'une peine d'amende de 3.750 euros dans «un souci de pédagogie et de dissuasion, graduelle et progressive», selon un amendement voté. Alternative à l'amende ou sanction complémentaire, un «stage de sensibilisation à la lutte contre l'achat d'actes sexuels» est prévu.
En dépit des réticences de deux députés UMP, Marie-Louise Fort et Philippe Goujon, les députés ont abrogé le délit de racolage passif institué par Nicolas Sarkozy qui pénalisait les prostituées. Ils ont aussi voté des mesures d'accompagnement social pour celles qui veulent quitter la prostitution, qui seront alimentées par un fonds de 20 millions d'euros par an. Les étrangères engagées dans ce «parcours de sortie» chapeauté par une association agréée pourront prétendre à un titre de séjour de six mois, éventuellement renouvelable.
Vote sur l'ensemble du texte mercredi
La ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem a salué dans un communiqué «un débat qui fait honneur à notre démocratie» et «le travail des parlementaires de tout bord». «Qu’ils le soutiennent ou qu’ils expriment des réserves, chacun a été pleinement concentré sur un objectif commun : répondre aux souffrances qu’expriment les personnes prostituées», a-t-elle poursuivi, se réjouissant que le débat ait «permis de parler de la prostitution telle qu’elle est et pas telle qu’on l’imagine».
Le vote sur l'ensemble du texte interviendra mercredi prochain, dans un hémicycle qui devrait plus fourni, avant d'être examiné plus tard au Sénat.
Avant le vote des amendements, les partisans du texte avaient démonté un à un les arguments de ceux qui défendent la «liberté» des prostituées et étaient peu représentés dans l'hémicycle. «Il suffirait qu'une seule prostituée se dise libre pour que l'esclavage des autres soit respectable?», a martelé la rapporteure Maud Olivier (PS). «Entre les fantasmes de certains et la réalité que vivent 90% des personnes prostituées, il y a le monde de la violence et l’argent de la traite», a-t-elle asséné.
«La France n'est pas un pays d'accueil de la prostitution», avait renchéri Mme Vallaud-Belkacem. «Le sujet ça n'est pas la sexualité. Le sujet c'est l'argent qui nourrit le proxénétisme», a-t-elle insisté.
L'un des initiateurs de ce texte transpartisan, l'UMP Guy Geoffroy, s'est défendu d'être «un valet servile de la pudibonderie poussièreuse». «On parle de la satisfaction des désirs masculins? Mais que fait-on des désirs féminins?», s'est-il interrogé en plaçant l'action des députés dans la lignée de celle de Lucien Neuwirth, le père de la pilule décédé cette semaine.
Manifestation de prostituées
Seuls les écologistes sont vraiment montés au créneau contre le texte. «Cela vous est inconcevable qu'il puisse y avoir consentement dans un acte sexuel tarifé. Vous opposez des femmes toujours victimes, des hommes toujours coupables», a lancé aux partisans du texte Sergio Coronado (EELV) pour qui «éloigner les prostituées des lumières de la rue, c'est les reléguer dans l'obscurité».
L'UMP défend l'abstention, «mais chacun pourra voter pour ou contre», a dit Marie-Louise Fort.
Radicaux de gauche et UDI laisseront la «liberté de vote» aux parlementaires. Jean-Louis Borloo a dit «au fond ne pas savoir quelle est la bonne décision» à prendre.
Les divisions étaient plus visibles aux abords de l'Assemblée où se tenaient deux rassemblements, l'un d'environ 150 personnes contre la pénalisation du client à l'appel du Syndicat du travail sexuel (Strass), l'autre d'une cinquantaine de personnes à l'appel de certaines associations féministes.
La proposition de loi s'inspire de l'exemple de la Suède où les clients sont pénalisés depuis 1999, ce qui a conduit à une réduction de moitié de la prostitution de rue en dix ans. Elle avait enflammé les esprits avec la pétition «Touche pas à ma pute» lancée par «343 salauds», dont le journaliste Eric Zemmour et l'écrivain Frédéric Beigbeder.
Avec AFP
N.D.L.R
En 1946, Marthe Richard, « la veuve qui clôt » avait réussi à faire fermer les maisons closes.
En 2013, les socialistes, comme Sarkozy en son temps, nous enfument avec des projets de loi destinés avant tout à faire jaser et donc à faire oublier l'étendue de leur impuissance, depuis leur arrivée au pouvoir.
La technique de l'écran de fumée était une des favorites de l'ex. Hollande, que l'on surnomme l'albatros (ses ailes de néant l'empêchent de marcher) adopte les mêmes sentiers tortueux.
Avec les mêmes inconséquences, d'ailleurs. On sait que nombre de lois, sous Sarkozy, ne furent jamais appliquées. Celle-ci, d'initiative « socialiste » aura vraisemblablement le même sort.
La tare fondamentale de texte, qui va faire la joie des avocats et des juristes de tout poil : comment peut-on pénaliser une activité qui n'est pas, jusqu'à ce jour, illégale ? En effet, jusqu'à preuve du contraire la prostitution n'est pas, dans notre pays, illégale.
Ensuite, comment les policiers vont-ils faire pour démontrer qu'il y a eu relation tarifée ? En vertu de la nouvelle loi, les femmes peuvent « se donner », encore heureux, mais l'homme n'a pas le droit de payer pour cela. Je connais des juristes qui vont bien s'amuser. Des hommes qui vont en profiter. Et des policiers qui vont encore se demander ce qu'ils font dans cette galère.
Le fond du problème, si j'ose dire, ce n'est pas le plus vieux métier du monde. C'est le proxénétisme !
On attend de l’État qu'il fasse (enfin) quelque chose contre les réseaux de proxénètes, qu'il connait parfaitement d'ailleurs. Nul besoin d'être Sherlock Holmes pour enquêter avec de grandes chances de succès sur les réseaux de proxénètes en France. Notamment les plus importants. Mais, évidemment, on oublie de nous dire que sans les proxénètes la police perdrait 90 % de ses indicateurs ! Et sans indicateurs, la police, c'est évident, ne saurait plus où aller.
Cette loi prétend aider les prostituées en butte aux exactions des proxénètes. Mais ce ne sont pas prostituées qu'il faut aider, mais les proxénètes qu'il faut pourchasser et punir sévèrement.
Au final, il faut nous étonner de l'impudente duplicité de ce gouvernement qui, au lieu de poursuivre les proxénètes, va désormais lui-même « taxer » les clients. De 1500 € la première fois, excusez du peu, du double en cas de récidive. Je rappelle la définition du proxénétisme : le proxénétisme est une activité consistant à tirer profit de la prostitution d'autrui, ou à la favoriser.
En l’occurrence, avec cette nouvelle loi, l’État va tirer profit de la prostitution à raison de 1500 € minimum par infraction ! 3000 €, si on remet le couvert. Encore mieux que les radars sur la route !
Mais j'entends des soupirs dans la salle. Qu'apprends-je ? Moscovici vient d'avoir un orgasme.
Qu'on l'enlève, il ne s'en relèvera pas !
Il se voulait richard, il a fini pompé !
En 1946, Marthe Richard, « la veuve qui clôt » avait réussi à faire fermer les maisons closes.
En 2013, les socialistes, comme Sarkozy en son temps, nous enfument avec des projets de loi destinés avant tout à faire jaser et donc à faire oublier l'étendue de leur impuissance, depuis leur arrivée au pouvoir.
La technique de l'écran de fumée était une des favorites de l'ex. Hollande, que l'on surnomme l'albatros (ses ailes de néant l'empêchent de marcher) adopte les mêmes sentiers tortueux.
Avec les mêmes inconséquences, d'ailleurs. On sait que nombre de lois, sous Sarkozy, ne furent jamais appliquées. Celle-ci, d'initiative « socialiste » aura vraisemblablement le même sort.
La tare fondamentale de texte, qui va faire la joie des avocats et des juristes de tout poil : comment peut-on pénaliser une activité qui n'est pas, jusqu'à ce jour, illégale ? En effet, jusqu'à preuve du contraire la prostitution n'est pas, dans notre pays, illégale.
Ensuite, comment les policiers vont-ils faire pour démontrer qu'il y a eu relation tarifée ? En vertu de la nouvelle loi, les femmes peuvent « se donner », encore heureux, mais l'homme n'a pas le droit de payer pour cela. Je connais des juristes qui vont bien s'amuser. Des hommes qui vont en profiter. Et des policiers qui vont encore se demander ce qu'ils font dans cette galère.
Le fond du problème, si j'ose dire, ce n'est pas le plus vieux métier du monde. C'est le proxénétisme !
On attend de l’État qu'il fasse (enfin) quelque chose contre les réseaux de proxénètes, qu'il connait parfaitement d'ailleurs. Nul besoin d'être Sherlock Holmes pour enquêter avec de grandes chances de succès sur les réseaux de proxénètes en France. Notamment les plus importants. Mais, évidemment, on oublie de nous dire que sans les proxénètes la police perdrait 90 % de ses indicateurs ! Et sans indicateurs, la police, c'est évident, ne saurait plus où aller.
Cette loi prétend aider les prostituées en butte aux exactions des proxénètes. Mais ce ne sont pas prostituées qu'il faut aider, mais les proxénètes qu'il faut pourchasser et punir sévèrement.
Au final, il faut nous étonner de l'impudente duplicité de ce gouvernement qui, au lieu de poursuivre les proxénètes, va désormais lui-même « taxer » les clients. De 1500 € la première fois, excusez du peu, du double en cas de récidive. Je rappelle la définition du proxénétisme : le proxénétisme est une activité consistant à tirer profit de la prostitution d'autrui, ou à la favoriser.
En l’occurrence, avec cette nouvelle loi, l’État va tirer profit de la prostitution à raison de 1500 € minimum par infraction ! 3000 €, si on remet le couvert. Encore mieux que les radars sur la route !
Mais j'entends des soupirs dans la salle. Qu'apprends-je ? Moscovici vient d'avoir un orgasme.
Qu'on l'enlève, il ne s'en relèvera pas !
Il se voulait richard, il a fini pompé !
Toulouse-Lautrec-Au salon de la rue des Moulins, 1894
Un article de Daniel Salvatore Schiffer dans Marianne
Des maisons de tolérance aux boulevards de l'intolérance
Lundi 2 Décembre 2013
C'est à ces bonnes vieilles maisons closes, que la France devrait retourner si elle veut vraiment éradiquer ce fléau social qu’est effectivement, la traite des femmes.
Pauvre France, pays dont l’esprit des Lumières, sinon l’identité culturelle, est à ce point malmené ces temps-ci qu’il ne sait plus à quel saint se vouer pour se croire encore la patrie des droits de l’homme ! Ainsi ce pays qui éleva jadis le libertinage au rang de philosophie (Sade, Laclos, Diderot, Gassendi, Cyrano…), et dont les célèbres maisons closes du temps jadis furent les sujets certes quelque peu surannés mais néanmoins délicieux de bon nombre de ses plus grands écrivains (de Maupassant à Klossowski, en passant par Baudelaire et Simenon) vient-il donc d’interdire également, par la plus hypocrite des pudibonderies, le plus vieux métier du monde : la prostitution. Car, que l’on pénalise la prostituée (sous la présidence de Nicolas Sarkozy) ou le client (sous la présidence de François Hollande), c’est toujours elle qui, quels que soient les arguments utilisés pour défendre cette loi, est visée.
Entendons-nous : certes sommes-nous, comme toute personne dotée d’un minimum de sens moral, voire de simple bon sens, contre toute forme d’esclavage sexuel, dont la traite des êtres humains à des fins pécuniaires (ce que l’on appelle le « proxénétisme »), souvent relayée par d’abjects mais violents réseaux mafieux, s’avère l’un des crimes les plus odieux et, donc, punissables, à juste titre, par la loi.
Mais ce dont le législateur n’a pas voulu prendre en compte ici, quelle que soit sa bonne foi, c’est que cette sordide, misérable et dangereuse prostitution de rue n’est que la très dommageable conséquence, paradoxalement rétrograde, d’une vieille loi, elle-même aussi qu’liberticide qu’inadaptée : la fermeture, le 13 avril 1946, sous l’impulsion de Marthe Richard (ancienne prostituée au service de l’occupant nazi et, comme telle, repentie), des maisons closes, c’est-à-dire, en termes plus prosaïques, des bordels, fussent-ils de « luxe ».
D’où, afin d’éclairer cet éternel débat sur la prostitution, et de lui apporter ainsi une possible solution, cette réflexion : c’est à elles précisément, à ces bonnes vieilles maisons closes, structures certes modernisées et sécurisées, dotées de tout le confort matériel et l’encadrement nécessaire, comme on les voit naître aujourd’hui, sous les noms d’ « éros center », dans des pays aussi libres et civilisés que la Hollande ou la Belgique, que la France devrait retourner si elle veut vraiment éradiquer ce fléau social qu’est, effectivement, la traite des femmes (et quelquefois aussi, par ailleurs, des hommes).
Il n’est en outre pas dit, loin de là, que toutes les prostituées soient obligatoirement, comme par nature ou essence, de malheureuses et impuissantes victimes d’horribles proxénètes et autres infâmes réseaux mafieux. Non : je connais aussi, personnellement, de très dignes, honnêtes et élégantes prostituées, qui offrent librement leurs services sexuels, entre personnes adultes et consentantes, contre une somme d’argent bien plus honorable que celle de la plupart de nos honnêtes, courageuses mais surexploitées femmes de ménage (les pudiquement nommées « techniciennes de surface »), ouvrières, caissières et autres dame-pipi (préposées à nettoyer, pour quelques centimes mendiés et souvent dans les établissements les plus chics, la merde des autres) qui, elles, sont véritablement abusées professionnellement, tandis qu’elles servent à renflouer les poches de leur patron, pour un salaire de misère !
Morale de l’histoire : je trouve plus noble et moins humiliant, à tout point de vue (humain, financier et moral) une femme faisant librement et proprement une pipe à un client, pour 50 euros (et plus), qu’une pauvre femme obligée de s’abaisser, et parfois même de s’accroupir, afin, au comble de la soumission, de récurer, pour 50 cents (et moins), la cuvette de toilettes malodorantes, voire carrément puantes. Et ce n’est là, cette terrible dégradation de la personne humaine, qu’un exemple parmi tant d’autres !
Car qu’on se le dise : le véritable esclavage, le vrai mépris de la dignité humaine, n’est pas là où nos politiciens prétendument vertueux comme nos sociétés nouvellement prophylactiques veulent bien nous le faire croire lorsqu’ils stigmatisent ainsi, engoncés en leur loi aussi étriquée que leur col blanc, le plus vieux métier du monde. Non : le véritable esclavage, social et économique celui-là, c’est de devoir se lever tous les matins, d’emprunter quotidiennement l’enfer du périphérique ou du métro et de se faire commander par quelque obscur sous-fifre, afin d’aller gagner vaille que vaille son pain, plus souvent noir que blanc, et devoir ensuite retourner chaque soir, souvent tard et fourbu, pour avoir à peine de quoi payer son loyer, nourrir sa famille, et continuer indéfiniment à remplir, à force de taxes et d’impôts, les caisses de l’Etat, ce racketteur (à défaut d’être proxénète) institutionnalisé, ou, pis encore, ce Léviathan des temps modernes. C’est cela l’inacceptable indécence, la répugnante obscénité, la turpitude de l’appât du gain facile, et toujours sur notre dos !
Alors, je dis oui : vive les putes, du moins celles libres, majeures, vaccinées et consentantes, lorsqu’elles savent encore offrir, avec une caresse bien faite ou un très professionnel baiser, un peu de rêve, de charme, de tendresse et de douceur, fût-ce pour de l’argent, dans ce monde de brutes.
Je me souviens encore, avec gratitude et nostalgie, de cette pute au grand cœur, si humaine et si généreuse, qui me dit un jour, non sans une certaine dose de poésie, que les gouttes de sperme de ses clients n’étaient, bien souvent, que les larmes de leur solitude. Ces prostituées, un certain Leonard Cohen les baptisa d’ailleurs jadis, dans une de ses plus émouvantes chansons, « Sisters of Mercy » : « sœurs de pitié », en bon français. Admirable de compassion !
Cette solitude, ce fut aussi celle, précisément, de bon nombre de ces artistes et écrivains, grands amateurs de prostituées, que j’évoquais plus haut.
Mais le pis, avec cette nouvelle loi scélérate à la française, promulguée de surcroît par des hommes et des femmes dits de gauche (les socialistes), c’est que quelques-uns des plus beaux esprits de notre patrimoine littéraire et artistique risqueraient de se retrouveraient ainsi, aujourd’hui, en prison.
Le paradoxe, pour une société prétendument libre, moderne et démocratique, est énorme : Sade et ses « Infortunes de la vertu », Diderot et ses « Bijoux indiscrets », Laclos et ses « Liaisons dangereuses », Maupassant et son « Rosier de madame Husson », Baudelaire et ses « Fleurs du mal », Barbey d’Aurevilly et ses « Diaboliques », Renoir et ses « Prostituées au boudoir », Bataille et ses « Larmes d’Eros », Klossowski et son « Sade, mon prochain », pourraient se retrouver aujourd’hui, pour une simple passe, sinon derrière les barreaux, du moins au tribunal de police… la police des mœurs, la pire de toutes !
Quel progrès ! La France est devenue une civilisation qui, à l’instar des pas du « Moon Walk » de Michael Jackson, progresse, par une fabuleuse illusion d’optique, à reculons : à travers cette loi ayant désormais force d’interdit, sinon de tabou, elle a fait des anciennes maisons de tolérance les nouveaux boulevards de l’intolérance !
Un conseil donc, au mal nommé Hollande : qu’il aille donc faire un tour, justement, en Hollande, dans ce port d’Amsterdam que chantait naguère si bien le grand Jacques Brel, pour voir comme on y traite, avec dignité et respect, aussi bien les prostituées que leurs clients.
Et je le clame ici haut et fort : faudra-t-il ainsi que ces « salauds » (tel mon ami Frédéric Beigbeider) qui ont osé signer le désormais célèbre manifeste du « Causeur », en opposition à cette absurde et inique loi, pensent aux aussi à s’exiler prochainement, comme autrefois René Descartes, pourtant père du rationalisme moderne et monument de la philosophie française, à Amsterdam pour, sinon y vivre en paix, du moins avoir encore le droit d’y rêver à l’ombre des néons rouges ?
* Daniel Salvatore Schiffer est philosophe, auteur notamment de « Le Dandysme – Une esthétique de l’âme et du corps» (Presses Universitaires de France), « Oscar Wilde » (Gallimard – Folio Biographies », « Du Beau au Sublime dans l’Art – Esquisse d’une Métaesthétique » (L’Âge d’Homme), « Manifeste dandy » (François Bourin Editeur), « Métaphysique du Dandysme » (Académie Royale de Belgique).
Des maisons de tolérance aux boulevards de l'intolérance
Lundi 2 Décembre 2013
C'est à ces bonnes vieilles maisons closes, que la France devrait retourner si elle veut vraiment éradiquer ce fléau social qu’est effectivement, la traite des femmes.
Pauvre France, pays dont l’esprit des Lumières, sinon l’identité culturelle, est à ce point malmené ces temps-ci qu’il ne sait plus à quel saint se vouer pour se croire encore la patrie des droits de l’homme ! Ainsi ce pays qui éleva jadis le libertinage au rang de philosophie (Sade, Laclos, Diderot, Gassendi, Cyrano…), et dont les célèbres maisons closes du temps jadis furent les sujets certes quelque peu surannés mais néanmoins délicieux de bon nombre de ses plus grands écrivains (de Maupassant à Klossowski, en passant par Baudelaire et Simenon) vient-il donc d’interdire également, par la plus hypocrite des pudibonderies, le plus vieux métier du monde : la prostitution. Car, que l’on pénalise la prostituée (sous la présidence de Nicolas Sarkozy) ou le client (sous la présidence de François Hollande), c’est toujours elle qui, quels que soient les arguments utilisés pour défendre cette loi, est visée.
Entendons-nous : certes sommes-nous, comme toute personne dotée d’un minimum de sens moral, voire de simple bon sens, contre toute forme d’esclavage sexuel, dont la traite des êtres humains à des fins pécuniaires (ce que l’on appelle le « proxénétisme »), souvent relayée par d’abjects mais violents réseaux mafieux, s’avère l’un des crimes les plus odieux et, donc, punissables, à juste titre, par la loi.
Mais ce dont le législateur n’a pas voulu prendre en compte ici, quelle que soit sa bonne foi, c’est que cette sordide, misérable et dangereuse prostitution de rue n’est que la très dommageable conséquence, paradoxalement rétrograde, d’une vieille loi, elle-même aussi qu’liberticide qu’inadaptée : la fermeture, le 13 avril 1946, sous l’impulsion de Marthe Richard (ancienne prostituée au service de l’occupant nazi et, comme telle, repentie), des maisons closes, c’est-à-dire, en termes plus prosaïques, des bordels, fussent-ils de « luxe ».
D’où, afin d’éclairer cet éternel débat sur la prostitution, et de lui apporter ainsi une possible solution, cette réflexion : c’est à elles précisément, à ces bonnes vieilles maisons closes, structures certes modernisées et sécurisées, dotées de tout le confort matériel et l’encadrement nécessaire, comme on les voit naître aujourd’hui, sous les noms d’ « éros center », dans des pays aussi libres et civilisés que la Hollande ou la Belgique, que la France devrait retourner si elle veut vraiment éradiquer ce fléau social qu’est, effectivement, la traite des femmes (et quelquefois aussi, par ailleurs, des hommes).
Il n’est en outre pas dit, loin de là, que toutes les prostituées soient obligatoirement, comme par nature ou essence, de malheureuses et impuissantes victimes d’horribles proxénètes et autres infâmes réseaux mafieux. Non : je connais aussi, personnellement, de très dignes, honnêtes et élégantes prostituées, qui offrent librement leurs services sexuels, entre personnes adultes et consentantes, contre une somme d’argent bien plus honorable que celle de la plupart de nos honnêtes, courageuses mais surexploitées femmes de ménage (les pudiquement nommées « techniciennes de surface »), ouvrières, caissières et autres dame-pipi (préposées à nettoyer, pour quelques centimes mendiés et souvent dans les établissements les plus chics, la merde des autres) qui, elles, sont véritablement abusées professionnellement, tandis qu’elles servent à renflouer les poches de leur patron, pour un salaire de misère !
Morale de l’histoire : je trouve plus noble et moins humiliant, à tout point de vue (humain, financier et moral) une femme faisant librement et proprement une pipe à un client, pour 50 euros (et plus), qu’une pauvre femme obligée de s’abaisser, et parfois même de s’accroupir, afin, au comble de la soumission, de récurer, pour 50 cents (et moins), la cuvette de toilettes malodorantes, voire carrément puantes. Et ce n’est là, cette terrible dégradation de la personne humaine, qu’un exemple parmi tant d’autres !
Car qu’on se le dise : le véritable esclavage, le vrai mépris de la dignité humaine, n’est pas là où nos politiciens prétendument vertueux comme nos sociétés nouvellement prophylactiques veulent bien nous le faire croire lorsqu’ils stigmatisent ainsi, engoncés en leur loi aussi étriquée que leur col blanc, le plus vieux métier du monde. Non : le véritable esclavage, social et économique celui-là, c’est de devoir se lever tous les matins, d’emprunter quotidiennement l’enfer du périphérique ou du métro et de se faire commander par quelque obscur sous-fifre, afin d’aller gagner vaille que vaille son pain, plus souvent noir que blanc, et devoir ensuite retourner chaque soir, souvent tard et fourbu, pour avoir à peine de quoi payer son loyer, nourrir sa famille, et continuer indéfiniment à remplir, à force de taxes et d’impôts, les caisses de l’Etat, ce racketteur (à défaut d’être proxénète) institutionnalisé, ou, pis encore, ce Léviathan des temps modernes. C’est cela l’inacceptable indécence, la répugnante obscénité, la turpitude de l’appât du gain facile, et toujours sur notre dos !
Alors, je dis oui : vive les putes, du moins celles libres, majeures, vaccinées et consentantes, lorsqu’elles savent encore offrir, avec une caresse bien faite ou un très professionnel baiser, un peu de rêve, de charme, de tendresse et de douceur, fût-ce pour de l’argent, dans ce monde de brutes.
Je me souviens encore, avec gratitude et nostalgie, de cette pute au grand cœur, si humaine et si généreuse, qui me dit un jour, non sans une certaine dose de poésie, que les gouttes de sperme de ses clients n’étaient, bien souvent, que les larmes de leur solitude. Ces prostituées, un certain Leonard Cohen les baptisa d’ailleurs jadis, dans une de ses plus émouvantes chansons, « Sisters of Mercy » : « sœurs de pitié », en bon français. Admirable de compassion !
Cette solitude, ce fut aussi celle, précisément, de bon nombre de ces artistes et écrivains, grands amateurs de prostituées, que j’évoquais plus haut.
Mais le pis, avec cette nouvelle loi scélérate à la française, promulguée de surcroît par des hommes et des femmes dits de gauche (les socialistes), c’est que quelques-uns des plus beaux esprits de notre patrimoine littéraire et artistique risqueraient de se retrouveraient ainsi, aujourd’hui, en prison.
Le paradoxe, pour une société prétendument libre, moderne et démocratique, est énorme : Sade et ses « Infortunes de la vertu », Diderot et ses « Bijoux indiscrets », Laclos et ses « Liaisons dangereuses », Maupassant et son « Rosier de madame Husson », Baudelaire et ses « Fleurs du mal », Barbey d’Aurevilly et ses « Diaboliques », Renoir et ses « Prostituées au boudoir », Bataille et ses « Larmes d’Eros », Klossowski et son « Sade, mon prochain », pourraient se retrouver aujourd’hui, pour une simple passe, sinon derrière les barreaux, du moins au tribunal de police… la police des mœurs, la pire de toutes !
Quel progrès ! La France est devenue une civilisation qui, à l’instar des pas du « Moon Walk » de Michael Jackson, progresse, par une fabuleuse illusion d’optique, à reculons : à travers cette loi ayant désormais force d’interdit, sinon de tabou, elle a fait des anciennes maisons de tolérance les nouveaux boulevards de l’intolérance !
Un conseil donc, au mal nommé Hollande : qu’il aille donc faire un tour, justement, en Hollande, dans ce port d’Amsterdam que chantait naguère si bien le grand Jacques Brel, pour voir comme on y traite, avec dignité et respect, aussi bien les prostituées que leurs clients.
Et je le clame ici haut et fort : faudra-t-il ainsi que ces « salauds » (tel mon ami Frédéric Beigbeider) qui ont osé signer le désormais célèbre manifeste du « Causeur », en opposition à cette absurde et inique loi, pensent aux aussi à s’exiler prochainement, comme autrefois René Descartes, pourtant père du rationalisme moderne et monument de la philosophie française, à Amsterdam pour, sinon y vivre en paix, du moins avoir encore le droit d’y rêver à l’ombre des néons rouges ?
* Daniel Salvatore Schiffer est philosophe, auteur notamment de « Le Dandysme – Une esthétique de l’âme et du corps» (Presses Universitaires de France), « Oscar Wilde » (Gallimard – Folio Biographies », « Du Beau au Sublime dans l’Art – Esquisse d’une Métaesthétique » (L’Âge d’Homme), « Manifeste dandy » (François Bourin Editeur), « Métaphysique du Dandysme » (Académie Royale de Belgique).